Le problème mondial le plus grave n’est pas de trouver de la nourriture, car les vivres existent en abondance et ne nécessitent parfois qu’une bonne gestion ou de bonnes conditions de transport. Le véritable problème, ce sont les hommes. Que faire de tous ces millions de gens vivant sur terre ? de leur énergie inemployée ? de la force qu’ils représentent et qui paraît inutile ? Quelle est la place de ces hommes dans la famille humaine ? Sont-ils des membres de plein droit ? Des parents pauvres ? Des intrus ?

Ryszard Kapuściński
Ebène

Des trois quartiers présentés Châtelaine est celui qui apparaît le moins changé et pourtant, en grattant la surface, c’est peut-être le plus modifié. Les humains l’occupent toujours, avec une densité moindre, quoi que…

La révolution de la vie de quartier

Nous passons la moitié de notre journée loin de notre domicile et l’autre moitié en dehors de notre bureau. Un quart de plus est dilapidé dans les transports, après cela nous nous surprenons à ne pas avoir le temps de nous occuper de nos enfants, de cuisiner et de vivre un peu. C’est un non-sens économique. Nous payons et perdons du temps pour aller travailler. Nous restons durant huit heures et quart à un certain endroit, qu’importe la masse d’activité à effectuer, et nous laissons vides ces installations la moitié de la semaine. Pourquoi cela ? Car nous avons toujours fait ainsi. Il n’existe pas pire aberration que le passéisme, surtout quand celui-ci est faux. Le travail a domicile était la forme dominante d’occupation au XVIIIe. Ce sont les usines et la production de masse qui modifièrent la structure de notre journée. Toutefois, lorsque vous laissez les robots s’accaparer la confection et que les humains s’adonnent aux tâches créatrices, celles-ci n’ont pas de lieu fixe. Elles s’effectuent n’importe où. Pourquoi pas chez soi ?

Le problème mondial le plus grave n’est pas de trouver de la nourriture, car les vivres existent en abondance et ne nécessitent parfois qu’une bonne gestion ou de bonnes conditions de transport. Le véritable problème, ce sont les hommes. Que faire de tous ces millions de gens vivant sur terre ? de leur énergie inemployée ? de la force qu’ils représentent et qui paraît inutile ? Quelle est la place de ces hommes dans la famille humaine ? Sont-ils des membres de plein droit ? Des parents pauvres ? Des intrus ?
Ryszard Kapuściński
Ebène

Des trois quartiers présentés Châtelaine est celui qui apparaît le moins changé et pourtant, en grattant la surface, c’est peut-être le plus modifié. Les humains l’occupent toujours, avec une densité moindre, quoi que…


La répartition des obligations domestiques telle que nous la connaissons n’est, elle aussi, pas si ancienne. Elle vit le jour au XIXe, dans les classes bourgeoises. Partir au travail et laisser la moitié du couple au foyer pour s’occuper de sa progéniture c’est une considération liée de la révolution industrielle. Lorsque l’on produit des mouvements horlogers à domicile, que l’on rédige des textes ou que l’on effectue la comptabilité d’une exploitation, les tâches domestiques sont partagées plus équitablement entre les genres, si les deux personnes participent à une activité économique rémunérée.

La révolution de la vie de quartier

Nous passons la moitié de notre journée loin de notre domicile et l’autre moitié en dehors de notre bureau. Un quart de plus est dilapidé dans les transports, après cela nous nous surprenons à ne pas avoir le temps de nous occuper de nos enfants, de cuisiner et de vivre un peu. C’est un non-sens économique. Nous payons et perdons du temps pour aller travailler. Nous restons durant huit heures et quart à un certain endroit, qu’importe la masse d’activité à effectuer, et nous laissons vides ces installations la moitié de la semaine. Pourquoi cela ? Car nous avons toujours fait ainsi. Il n’existe pas pire aberration que le passéisme, surtout quand celui-ci est faux. Le travail a domicile était la forme dominante d’occupation au XVIIIe. Ce sont les usines et la production de masse qui modifièrent la structure de notre journée. Toutefois, lorsque vous laissez les robots s’accaparer la confection et que les humains s’adonnent aux tâches créatrices, celles-ci n’ont pas de lieu fixe. Elles s’effectuent n’importe où. Pourquoi pas chez soi ?
Nous passons la moitié de notre journée loin de notre domicile et l’autre moitié en dehors de notre bureau. Un quart de plus est dilapidé dans les transports, après cela nous nous surprenons à ne pas avoir le temps de nous occuper de nos enfants, de cuisiner et de vivre un peu. C’est un non-sens économique. Nous payons et perdons du temps pour aller travailler. Nous restons durant huit heures et quart à un certain endroit, qu’importe la masse d’activité à effectuer, et nous laissons vides ces installations la moitié de la semaine. Pourquoi cela ? Car nous avons toujours fait ainsi. Il n’existe pas pire aberration que le passéisme, surtout quand celui-ci est faux. Le travail a domicile était la forme dominante d’occupation au XVIIIe. Ce sont les usines et la production de masse qui modifièrent la structure de notre journée. Toutefois, lorsque vous laissez les robots s’accaparer la confection et que les humains s’adonnent aux tâches créatrices, celles-ci n’ont pas de lieu fixe. Elles s’effectuent n’importe où. Pourquoi pas chez soi ?

La répartition des obligations domestiques telle que nous la connaissons n’est, elle aussi, pas si ancienne. Elle vit le jour au XIXe, dans les classes bourgeoises. Partir au travail et laisser la moitié du couple au foyer pour s’occuper de sa progéniture c’est une considération liée de la révolution industrielle. Lorsque l’on produit des mouvements horlogers à domicile, que l’on rédige des textes ou que l’on effectue la comptabilité d’une exploitation, les tâches domestiques sont partagées plus équitablement entre les genres, si les deux personnes participent à une activité économique rémunérée.

Vivre chez soi ne veut pas dire vivre enfermé

Vivre chez soi ne veut pas dire vivre enfermé

Avec plus d’espace et une absence de trajet entre son foyer et son travail, le lieu de vie peut apparaître, pour certains, comme une prison. Les courses hebdomadaires sont une corvée et aisément remplacées par des livraisons à domicile. L’être humain demeure un animal social. À l’exception de quelques ermites, il a besoin d’interagir avec ses congénères pour échanger, se divertir ou se confronter. Les lieux de vie communautaire deviennent une composante encore plus essentielle de l’existence d’un faubourg. On se rencontre. On troque ses idées, rigole et l’on se rétorque passionnément sur la prochaine votation. Ils permettent à un quartier de vivre, que ces lieux soient gérés collectivement ou par un entrepreneur individuel.

Avec plus d’espace et une absence de trajet entre son foyer et son travail, le lieu de vie peut apparaître, pour certains, comme une prison. Les courses hebdomadaires sont une corvée et aisément remplacées par des livraisons à domicile. L’être humain demeure un animal social. À l’exception de quelques ermites, il a besoin d’interagir avec ses congénères pour échanger, se divertir ou se confronter. Les lieux de vie communautaire deviennent une composante encore plus essentielle de l’existence d’un faubourg. On se rencontre. On troque ses idées, rigole et l’on se rétorque passionnément sur la prochaine votation. Ils permettent à un quartier de vivre, que ces lieux soient gérés collectivement ou par un entrepreneur individuel.

Avec plus d’espace et une absence de trajet entre son foyer et son travail, le lieu de vie peut apparaître, pour certains, comme une prison. Les courses hebdomadaires sont une corvée et aisément remplacées par des livraisons à domicile. L’être humain demeure un animal social. À l’exception de quelques ermites, il a besoin d’interagir avec ses congénères pour échanger, se divertir ou se confronter. Les lieux de vie communautaire deviennent une composante encore plus essentielle de l’existence d’un faubourg. On se rencontre. On troque ses idées, rigole et l’on se rétorque passionnément sur la prochaine votation. Ils permettent à un quartier de vivre, que ces lieux soient gérés collectivement ou par un entrepreneur individuel.

La supériorité du bâti du XIXe et du début du XXe siècle

La supériorité du bâti du XIXe et du début du XXe siècle

« Pour les Européens, le temps vit en dehors de l’homme, il existe objectivement, comme s’il était extérieur à lui, il a des propriétés mesurables et linéaires. Selon Newton, le temps est absolu : « le temps mathématique, absolu, véritable s’écoule de par lui-même, par sa propre nature, uniformément, et non en fonction d’un objet extérieur. » L’Européen se sent au service du temps, il dépend de lui, il en est le sujet. Pour exister et fonctionner, il doit observer ses lois immuables et inaltérables, ses principes et ses règles rigides. Il doit observer des délais, des dates, des jours et des heures. Il se déplace dans les lois du temps en dehors desquelles il ne peut exister. Elles lui imposent ses rigueurs, ses exigences et ses normes. Entre l’homme et le temps existe un conflit insoluble qui se termine toujours par la défaite de l’homme : le temps détruit l’homme. »
Ryszard Kapuściński
Ebène

La pierre n’est pas éternelle, mais presque, regardez la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Si son coefficient d’isolation n’est pas le plus élevé au monde, son inertie en fait un matériau très efficient en notre future époque de réchauffement climatique. Elle emmagasine la chaleur en hiver et restitue le frais de la nuit en été. De plus, les demeures de cette époque furent construites avec de hauts plafonds, pour une gestion de l’air efficiente, sans ventilation ou climatisation, sans même parler de l’effet d’agrandissement des pièces lié à l’élévation de celles-ci. Après la Deuxième Guerre mondiale, nous avons voulu légiférer, imposer des normes et ce qui était le minimum à ne pas atteindre a évolué en standard. Nous avons rendu nos habitations moins agréables à vivre et, surtout, nous les avons uniformisées. Il ne devenait plus question d’individualité, mais de rentrer dans une boîte, une gageure à une époque où tous peuvent exprimer leur point de vue, mais logent dans le même appartement, à quelques détails.

« Pour les Européens, le temps vit en dehors de l’homme, il existe objectivement, comme s’il était extérieur à lui, il a des propriétés mesurables et linéaires. Selon Newton, le temps est absolu : « le temps mathématique, absolu, véritable s’écoule de par lui-même, par sa propre nature, uniformément, et non en fonction d’un objet extérieur. » L’Européen se sent au service du temps, il dépend de lui, il en est le sujet. Pour exister et fonctionner, il doit observer ses lois immuables et inaltérables, ses principes et ses règles rigides. Il doit observer des délais, des dates, des jours et des heures. Il se déplace dans les lois du temps en dehors desquelles il ne peut exister. Elles lui imposent ses rigueurs, ses exigences et ses normes. Entre l’homme et le temps existe un conflit insoluble qui se termine toujours par la défaite de l’homme : le temps détruit l’homme. »

Ryszard Kapuściński
Ebène

La pierre n’est pas éternelle, mais presque, regardez la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Si son coefficient d’isolation n’est pas le plus élevé au monde, son inertie en fait un matériau très efficient en notre future époque de réchauffement climatique. Elle emmagasine la chaleur en hiver et restitue le frais de la nuit en été. De plus, les demeures de cette époque furent construites avec de hauts plafonds, pour une gestion de l’air efficiente, sans ventilation ou climatisation, sans même parler de l’effet d’agrandissement des pièces lié à l’élévation de celles-ci. Après la Deuxième Guerre mondiale, nous avons voulu légiférer, imposer des normes et ce qui était le minimum à ne pas atteindre a évolué en standard. Nous avons rendu nos habitations moins agréables à vivre et, surtout, nous les avons uniformisées. Il ne devenait plus question d’individualité, mais de rentrer dans une boîte, une gageure à une époque où tous peuvent exprimer leur point de vue, mais logent dans le même appartement, à quelques détails.

Cette standardisation a amené, en Europe, à une homogénéisation de l’apparence. Tous les bâtiments se ressemblent. Les cabinets d’architecte du vieux continent énoncent que c’est le goût de la foule et une optimisation des coûts, mais lorsque vous proposez à quelqu’un d’habiter de l’ancien ou des cubes brutalistes, le public choisit l’ancien, à condition qu’il ait cette possibilité. De l’autre côté de l’Atlantique, là où construire, en ce début de XXIe siècle, n’est pas un problème de place, les demeures diffèrent, organiques, variées, piochant dans de multiples styles et avec des plafonds bien plus hauts et des pièces plus grandes. Nous avons fait passer la rentabilité et la facilité de vie pour les architectes en premier plan. Avec un marché immobilier atone, dans ce futur en décroissance, la population aura le choix de son logement et l’artiste ose croire que celui-ci sera proche de l’ancien. Vivre dans des demeures de plusieurs siècles ne veut pas dire habiter comme au XIXe. Nous améliorons toujours nos bâtiments, que ce soit avec l’arrivée de l’électricité, du chauffage central, des connexions de données à grande vitesse, une isolation meilleure ou, tout simplement, des lieux de vies attenants, comme des jardins, des cafés, des chaises longues ou un petit temple pour les divinités de la nature.

Cette standardisation a amené, en Europe, à une homogénéisation de l’apparence. Tous les bâtiments se ressemblent. Les cabinets d’architecte du vieux continent énoncent que c’est le goût de la foule et une optimisation des coûts, mais lorsque vous proposez à quelqu’un d’habiter de l’ancien ou des cubes brutalistes, le public choisit l’ancien, à condition qu’il ait cette possibilité. De l’autre côté de l’Atlantique, là où construire, en ce début de XXIe siècle, n’est pas un problème de place, les demeures diffèrent, organiques, variées, piochant dans de multiples styles et avec des plafonds bien plus hauts et des pièces plus grandes. Nous avons fait passer la rentabilité et la facilité de vie pour les architectes en premier plan. Avec un marché immobilier atone, dans ce futur en décroissance, la population aura le choix de son logement et l’artiste ose croire que celui-ci sera proche de l’ancien. Vivre dans des demeures de plusieurs siècles ne veut pas dire habiter comme au XIXe. Nous améliorons toujours nos bâtiments, que ce soit avec l’arrivée de l’électricité, du chauffage central, des connexions de données à grande vitesse, une isolation meilleure ou, tout simplement, des lieux de vies attenants, comme des jardins, des cafés, des chaises longues ou un petit temple pour les divinités de la nature.

Cette standardisation a amené, en Europe, à une homogénéisation de l’apparence. Tous les bâtiments se ressemblent. Les cabinets d’architecte du vieux continent énoncent que c’est le goût de la foule et une optimisation des coûts, mais lorsque vous proposez à quelqu’un d’habiter de l’ancien ou des cubes brutalistes, le public choisit l’ancien, à condition qu’il ait cette possibilité. De l’autre côté de l’Atlantique, là où construire, en ce début de XXIe siècle, n’est pas un problème de place, les demeures diffèrent, organiques, variées, piochant dans de multiples styles et avec des plafonds bien plus hauts et des pièces plus grandes. Nous avons fait passer la rentabilité et la facilité de vie pour les architectes en premier plan. Avec un marché immobilier atone, dans ce futur en décroissance, la population aura le choix de son logement et l’artiste ose croire que celui-ci sera proche de l’ancien. Vivre dans des demeures de plusieurs siècles ne veut pas dire habiter comme au XIXe. Nous améliorons toujours nos bâtiments, que ce soit avec l’arrivée de l’électricité, du chauffage central, des connexions de données à grande vitesse, une isolation meilleure ou, tout simplement, des lieux de vies attenants, comme des jardins, des cafés, des chaises longues ou un petit temple pour les divinités de la nature.